Atlas du nuage

Chacun est maintenu dans l’illusion de vivre au centre d’un immense nuage, duquel tombent comme par magie des informations, des produits, des plats cuisinés, des chauffeurs, des relations potentielles… Toute information, toute chose, toute personne est accessible en un clic. Chaque désir est exaucé, chaque action optimisée.

Or, dans la réalité, ce qui semble immatériel repose sur des infrastructures, lourdes, immenses, coûteuses et polluantes;

Ce qui semble volatile est en réalité pesant;

Ce qui semble algorithmique repose en réalité sur les travailleurs du clic et/ou les travailleurs ubérisés

Ce qui semble fluide est en réalité pérenne et hégémonique;

Ce qui semble pratique est en réalité extractiviste

Ce qui semble innovant est en réalité toxique;

Ce qui semble gratuit est en réalité coûteux.

L'Atlas du nuage dresse un panorama visuel de ce système.

Nous collectons les images des usages en ligne (livraisons à domicile, visio-conférences, applis de rencontres…), et des infrastructures qu'ils nécessitent (data centers, entrepôts de livraison, usines délocalisées, automatisées ou non…) Chaque planche de l’Atlas montre un fragment de notre milieu de vie. Comment se donne à voir la « société-nuage »?

« L'internet est ce que Dickens appellerait "la meilleure et la pire des époques". Il est presque humain dans tous ses défauts, et pourtant nous le voyons comme un système objectif et technologique. La variation de ce phénomène est au centre de l'œuvre Atlas du Nuage de Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon. Une collection de photographies présentée comme s'il s'agissait d'une recherche Google. Presque tous les éléments imaginables de l'utilisation d'Internet sont reflétés ici. Si vous vous approchez, vous verrez des photos de paquets, des visages heureux, des destinations touristiques et des œuvres d'art. Mais prenez un peu de recul et vous remarquerez l'ampleur de l'œuvre. La collection de petites photos, si facile à parcourir de près, occupe presque deux murs entiers et plus on s'éloigne, plus elle est encombrée. », Ayrton van Noort, De geur van het internet: kilometers kabels en grote bedragen, MisterMotley, 3 janvier 2023