Voyages dans les systèmes obscurs

Pierre Cassou-Noguès, Stéphane Degoutin, Arnaud Regnauld et Gwenola Wagon

Conférences, visites, performances et jeu

Site internet

2023

Visiter l’invisibilisation

On ne compte plus les descriptions de vaisseaux volants, de conquête spatiale, d’androïdes, de zombies, ou de ruine post apocalyptique. Mais aucun des innombrables récits de science-fiction produits au XXe siècle n’avait envisagé que l’innovation technologique se focaliserait sur les hangars de stockage. Que le déploiement de plateformes logistiques permettraient de devenir l’humain le plus riche du monde. Que les centres de traitement de données et les câbles qui les relient formeraient l’ossature de notre mode de vie. Que des îles tropicales désorganiseraient la finance mondiale. Que des intelligences artificielles rivaliseraient avec notre imagination. Que la locomotion en free floating parasiterait les villes. Que nos repas seraient préparés dans des cuisines secrètes. Que l’essor des télécommunications nous confinerait à la maison. Que le traitement des données en ligne mobiliserait des millions de télétravailleurs.

Ce sont pourtant les infrastructures, dans ce qu’elles ont de plus prosaïque ou/et de plus matériel – data centers, entrepôts logistiques, mines, réseaux de trottinettes en libre service, voitures automatisées, banques d’images, plateformes de réservation, conteneurs de fret, satellites… –, qui forment l’assise rendant possible la « société-nuage ». L’expression « société-nuage » désigne l’illusion que nous avons de vivre au sein d’un immense nuage, duquel tombent comme par magie des informations, des produits, du travail, des divertissements, des plats cuisinés, des chauffeurs, des relations potentielles… Toute information, toute chose, toute personne est accessible en un clic. Chaque désir est exaucé, chaque action optimisée.

Bien sûr, dans la réalité, ce nuage repose sur des infrastructures immenses et indubitablement matérielles. Mais celles-ci restent en grande partie invisibles. La première raison de cette invisibilité est certainement que le sujet n’est pas considéré comme très attrayant. Ses implications autres que techniques ne sautent pas aux yeux ; il est donc abandonné aux spécialistes. Les systèmes techniques sont complexes. Les lieux eux-mêmes sont souvent éloignés des quartiers d’habitation, disséminés aux confins des périphéries des grandes villes, inaccessibles, et d’aspect peu spectaculaire. Enfin, des stratégies volontaires d’offuscation et/ou de greenwashing parachèvent cette dissimulation.

Afin de ne pas laisser aux ingénieurs, techniciens et managers le monopole sur ces questions, le colloque/atelier/laboratoire « Voyages dans les systèmes obscurs » propose des enquêtes dans des systèmes techniques invisibilisés. Par le mot « obscur », nous désignons l’envers du décor. Il s’agit d’explorer les rouages cachés de la société-nuage : les infrastructures logistiques, les réseaux de pouvoir globalisés, ainsi que les systèmes d’invisibilisation en tant que tels.

RYBN, The Great Offshore, Espace multimédia Gantner. Photo: Wilfried B, Flickr
Matthieu Raffard et Mathilde Roussel, Pêcher à l’aimant, 2023
Diane Rabreau, Diane Goes for You

Diffusion

Raffard-Roussel, Atelier-performance de pèche collective et conférence in situ, 29 mars 2023. https://eur-artec.fr/evenements/pecher-a-laimant/ http://www.raffard-roussel.com/fr/activites-pecher/

Voyage dans les systèmes obscurs, conférence-performance, dans le cadre de TigrOU, La poésie comme technologie intellectuelle : une écriture collective, 6 avril 2023 https://www.tigrou.art/

Le Colloque Voyage dans les systèmes obscurs se déroulera du 23 au 25 novembre 2023 à La Générale, 39 rue Gassendi, 75014 Paris

Annexes

Générique

Organisation Pierre Cassou-Noguès, Stéphane Degoutin, Arnaud Regnauld et Gwenola Wagon.

L’équipe scientifique Pierre Cassou-Noguès, Angelica Ceccato, Nicolas Bailleul, Guillaume Boissinot, Vincent Bonnefille, Hortense Boulais, Stéphane Degoutin, Judith Deschamp, Marie Lechner, Baptiste Loreaux, Raffard-Roussel, Aniara Rodado, Tania Ruiz et Gwenola Wagon.

Avec Nicolas Bailleul, Guillaume Boissinot, Clotilde Bômont, Vincent Bonnefille, Hortense Boulais-Ifrène, Pierre Cassou-Noguès, Angelica Ceccato, Raphaël Costa et Julien Prévieux, Stéphane Degoutin et Aymeric Duriez, Judith Deschamps, Mathias Fuchs, Lorena Lisembard, Baptiste Loreaux, Niccolò Monti, Antonin Premillieu, Diane Rabreau et Audrey Carmes, Arnaud Regnauld, Tania Ruiz et Maria Hellström, Raffard-Roussel, Mario Santamaría, Clémence Seurat et Gwenola Wagon.

Ce projet est soutenu par L’École Universitaire de Recherche (EUR) ArTeC https://eur-artec.fr/ Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie, LLCP, EA 4008 TransCrit, Transferts Critiques anglophones Théorie Expérimentation Arts Médias et Design (TEAMeD), EA 4010 AIAC