L’individu-terminal est une série de douze livres-tracts dont les titres reprennent les fameux slogans du roman de George Orwell 1984, transposés à l’idéologie de l’innovation, de l’économie connectée et de l’uberisation.
L'individu-terminal
Série de livres et t-shirts
Le monopole, c’est la coopération
L’esclavage, c’est l’entrepreneuriat
L’achat compulsif, c’est l’équilibre
Le gaspillage, c’est l’abondance
Le fail, c’est le positive thinking
L’accident, c’est la fluidité
La périphérie, c'est le centre
La surveillance, c’est l’émancipation
L’onanisme, c’est le lien social
La fragmentation, c’est la force
La soumission, c’est la liberté
La protestation, c’est le consentement
La société connectée permet de se délester des activités laborieuses sur une horde de travailleurs souvent précarisés, coordonnés par des algorithmes. Tous les temps autrefois morts sont utilisés, engendrant une société interfacée dans laquelle les strip teases connaissent le même effort d’optimisation que les livraisons de nourriture ou la fabrication industrielle.
Dans ce environnement, l’individu équipé d’un smartphone se situe en terminaison des réseaux, tel un terminal informatique. Ayant accès à tous les contenus, tous les produits et toutes les personnes, chacun se trouve au centre du nuage. Le terminal devient le modèle de toute activité, qu’elle soit consumériste, professionnelle ou relationnelle.
Il devient « slasheur » : il peut changer d’activité et de personnalité en quelques clics, passant de picker dans un entrepôt Amazon à chauffeur Uber, livreur pour Foodora, monteur avec Lulu dans ma rue, car worker sur LiveJasmin… tout en likant son selfie sur Instagram, en tombant amoureux sur Tinder, en habitant chez Airbnb, en partageant la forêt qui brûle sur YouTube, etc.
Ayant accès à tout, l’individu-terminal devient lui aussi accessible, monitoré, optimisé, permuté…
Diffusion
Exposition, Human Services, Association Lac&S La Vitrine, Limoges, 2020