Le site internet Virusland documente une année de pandémie et l’émergence d’une nouvelle forme de vie, qui transforme nos habitudes et nos gestes.
À la télévision, les chefs d'État déclarent la guerre à un ennemi invisible. Les centres-villes se vident et, dans les rues désertes, des chiens errants poursuivent des drones bavards : Rentrez chez vous, crient-ils. Les scientifiques étudient le parcours des postillons d’un éternueur moyen. Les prêcheurs exorcisent le virus et le renvoient en enfer. Dans les aéroports, les rares passagers portent des casques filtrants et des combinaisons en plastique bleu. Les compétitions sportives basculent en visio-conférence. Des épidémiologistes envahissent les plateaux télé, pendant que les complotistes remontent le film de la réalité.
Nous avons été rattrapés par le confinement au bord de la mer, au bout du monde. Nous regardons les images qui circulent sur les réseaux sociaux. Nous tenons une chronique. Les virus de Virusland sont à la fois biologiques et informationnels. Ils ont reconfiguré nos relations les uns aux autres et le rapport de chacun à son corps, touché aussi la sphère mentale, déplacé ce que nous considérons comme normal et anormal, moral et immoral.
Virusland est un projet multiforme : un film, une série de seize épisodes, comme les mois d’une année trop longue, et une performance Retour à Virusland où les deux réalisateurs discutent en direct du montage de leur film. Ils proposent d’autres séquences, et d’autres futurs possibles. Manipulant les images, ils utilisent des filtres qui les transforment en des personnages fictifs, des archétypes peut-être, des voix qui les ont traversés au cours de cette pandémie.